David Rousset

David Rousset était membre du comité central du Parti Communiste Internationaliste dans la clandestinité. Il avait une bonne formation politique et était un orateur remarquable

Lors des arrestations d’octobre 1943 qui portaient un rude coup à notre parti, David rousset fut déporté à Buchenwald, Dora, etc.

Le camp de concentration le brisa. Il en revint en ne croyant plus à la révolution sociale. Il niait le rôle historique de la classe ouvrière.

En 1945 il ne milita pas véritablement mais lors d’un congrès, il présenta, sous le pseudonyme de Leblanc, une thèse dans la quelle il expliquait que la bureaucratie russe était la seule planche de salut ! En conséquence, le PCI devait se dissoudre et les militants devaient entrer dans le PCF. La position de Leblanc-Rousset fut repoussée à l’unanimité du congrès. En conséquence, il se retira du parti et écrivit des livres.

 

Il avait été un marxiste et cela lui avait donné un gros avantage sur les autres déportés. Il ne s’était pas contenté de méditer sur son sort, sur les coups qu’il avait reçus. Il sut chercher à comprendre « la société concentrationnaires ». Il étudia les relations entre les différentes catégories de la hiérarchie des camps de concentration qui allait du chef SS au simple détenu.

Ainsi, grâce à son passé marxiste, il écrivit des livres remarquables qui sont aujourd’hui bien connus.

Cependant, il vivait sur son acquis, et déjà ses livres se terminaient par des considérations sentimentales sur « la vie ». Ses ouvrages avaient un gros succès.

En conséquence, il modifia sa façon de vivre. Ses anciens camarades ne le reconnurent plus. Il avait quitté le parti avec une position pro stalinienne. Mais en réalité, il avait purement et simplement rompu avec le marxisme. Il ne croyait plus dans le prolétariat.

C’est seulement cela qu’exprimait sa position pro stalinienne. Et cette position allait changer au gré des vents. Il sauta ensuite dans un anti stalinisme qui était de l’anti communisme.

Rien d’étonnant. Nul ne peut dire où tombera en fin de compte celui qui quitte le terrain de la lutte des classes

 

Pour le moment Rousset est « pacifiste ». Il refuse de choisir entre le capitalisme et le « totalitarisme ». Il a de la chance d’être en France. Il peut planer au dessus de la mêlée. Mais que ferait Rousset au Viêt-Nam, en Grèce ou en Chine ?

Il s’est joint à Gary Davis Il signe des messages à l’ONU et engage de grandes discussions sur des adjectifs. Il ne veut plus voir le contenu des mots. Il joue avec l’ONU.

Chaque militant sérieux cherche à lire entre les lignes dans les discours prononcés à l’ONU. Un militant ne se berce pas des mots « paix » « liberté », etc. Nous savons que les discussions concernent des questions bien pratiques et s’il y avait de la franchise de part et d’autre, on pourrait assister au dialogue suivant :

Rousset-Davis :

-Messieurs, avant toutes autres considérations, partez de la nécessité de la paix pour les peuples.

Ces messieurs de l’ONU :

-Bien sur, mais ce qui est en question, c’est la possibilité pour les USA d’exporter leurs marchandises, de trouver des matières premières, etc.

Rousset-Davis :

-Au dessus de toute politique, nous plaçons le désir de paix.

Ces messieurs de l’ONU :

-Oui mais « la guerre, c’est la continuation de la politique par d’autres moyens ».

Rousset-Davis :

-Nous ne voulons pas le savoir. Faites la paix !

Ces messieurs de l’ONU :

-Nous ne demandons pas mieux, mais le système capitaliste exige que l’URSS cesse d’avoir le monopole du commerce extérieur.

Rousset-Davis :

-Peu importe, il nous faut la paix.

Ces messieurs de l’ONU :

-Si les USA ne s’ouvrent pas des débouchés par la douceur, il devront fatalement le faire à coup de canons. S’ils ne peuvent »avoir » un concurrent par la douceur, ils devront le faire à coup de canons. Sinon nous aurons une crise économique terrible, et c’est à l’intérieur des USA qu’il y aura une guerre. Avez vous une solutions messieurs Rousset-Davis ?

 

Mais Rousset-Davis n’ont pas de solution. Ils savent seulement dire « la paix ».

 

Dans une usine ils se placeraient entre les actionnaires gras et les ouvriers maigres et ils diraient : la paix !

En fin de compte, c’est une morale d’esclave qui n’empêche pas les guerres parce qu’elle ne s’attaque pas aux causes de guerre.

Ils peuvent avoir du succès …après une guerre. Mais ils ne servent à rien au prolétariat.

Le coolie n’a pas besoin de Rousset.

Le partisan grec n’a pas besoin de Rousset

L’ouvrier n’a pas besoin de Rousset.

Et le déporté qui planquait un poignard pour préparer son évasion aurait été en droit de dire à Rousset : « Tu nous emmerdes, va convertir les SS ! ».