1950 ?

 

Connaissez vous cette histoire de fou ?

Celle du gars qui disait :

            « J’ai acheté un tas d’instruments très, très précis, et j’ai fais beaucoup d’expériences. Eh bien, je peux assurer d’une façon formelle que l’angle droit n’a jamais fait 90°, mais seulement 85° ».

Naturellement, je ne suis pas sûr que tout le monde rit.

Il y a peut être des lecteurs qui hochent la tête en disant « Qui sait ? »

Pour rire de ce fou, il faut au moins savoir que, par définition, on a divisé le cercle en 360° et l’angle droit en 90°.

 

Eh bien, sur le chapitre des histoires de fous, en voici une autre.

Au cours d’une interview, à la question de savoir si l’état disparaîtra dans la société communiste, Staline répondit : « Pas nécessairement, si le pays communiste reste environné de pays capitalistes ».

A propos de cette histoire, non seulement je suis bien tranquille qu’il y a des lecteurs qui murmurent : « Qui sait ? », mais encore je sais qu’il y a dans le département, quantité d’hommes honorables qui clament « parfaitement ! »

Pour bien rire de cette histoire de fous, il faut savoir que, par définition, le communisme c’est, entre autres choses, la disparition de l’Etat.

Lénine disait à ce sujet : « « Le gouvernement des hommes est remplacé par l’administration des choses ».

 

Mais, selon Staline, on peut envisager une société communiste, donc sans classe, avec un état, c’est à dire des juges, des huissiers, une police, une armée, des adjudants, etc, et tous les instruments d’une classe dirigeante.

Si on admet cela, on peut bien accepter que l’angle droit ait 85°.

Mais voyons, disent les staliniens, si l’entourage capitaliste subsiste, il faut bien une armée, une police, etc.

D’accord, répondons nous. Mais cela prouve simplement qu’on ne peut pas faire une société communiste « dans un seul pays ».

Vous signalez des obstacles objectifs à la suppression d’une armée de la police, etc. Bref à l’avènement du communisme, et vous trouvez le moyen d’admettre que tout cela peut s’accompagner de l’existence d’une société communiste.

Un tel raisonnement est absurde !

Avec la même logique Louis XIV aurait pu dire : »Nous vivons dans une société communiste. Certes, le faible développement économique entraîne l’existence d’une classe de seigneurs, d’un tas de curés, d’une cour luxueuse, du supplice de la roue pour les délinquants…etc. Mais, nonobstant ces détails, nous vivons dans une société communiste. »

Pour en revenir à l’URSS, nous sommes donc bien loin d’une société communiste. Au contraire, nous voyons un accroissement anormal de l’état avec tout ce que cela comporte de bureaucrates et de policiers.

Pourtant, il y a eu, en 1917, une révolution sociale et la dictature du prolétariat.

La faiblesse numérique et culturelle de la classe ouvrière (10% de la population) l’état arriéré de l’économie (faible industrie, etc.)

L’échec de la révolution sociale dans les pays capitalistes développés (Allemagne), tout cela fut un obstacle au développement de la révolution jusqu’à une société sans classe.

Le résultat, c’est le monstre (pour utiliser un terme employé en médecine), c’est à dire une société qui n’est pas capitaliste et qui n’est pas socialiste, mais qui présente des caractéristiques des deux sociétés.

Bien entendu, il n’est pas facile de donner une définition parfaite d’un « monstre »,il n’est pas possible de le classer dans une « espèce définie ». Toutes ces difficultés contrarient bien des gens.

On en trouve qui disent que ce « monstre » est l’idéal de l’avenir avec un culte ignoble du chef, ses camps de « rééducation » et ses méthodes policières dans les sciences et les arts.

D’autres gens disent aussi que ce monstre est une nouvelle forme de société qui se développera logiquement partout ; tout en le déplorant, contrairement aux premiers, ces gens disent « le monstre fera des petits ! »

D’autres enfin, comme ( ) nient que le « monstre » est le produit d’une révolution isolée.

Ils affirment que c’est le produit logique de la révolution de 1917 et non de son isolement.

Ils confondent à plaisir Stalinisme et Dictature du prolétariat, et tirent prétexte des horreurs de l’un pour condamner l’autre.

Ces gens sont de dangereux ennemis du prolétariat révolutionnaire, car dans toute action directe des ouvriers, ils ne veulent voir qu’un pas vers le stalinisme. Ces gens perdent toute véritable conscience de classe. Ils prennent parti pour les CRS contre les travailleurs.

Ils se disent « anti staliniens » mais sont anti communistes. Et la meilleure preuve en est dans le fait qu’ils n’hésitent pas à frayer avec les chefs staliniens quand il s’agit de faire au gouvernement les « gérants loyaux du capitalisme », ou quand dans un syndicat, il s’agit de fermer la bouche à l’opposition révolutionnaire. (Dans le bulletin syndical des instituteurs du Finistère, le réformiste Le Pemp ( ?) et le stalinien Guéguin se partagent gentiment les colonnes)