Petit Poème (de jeunesse)

 

Quand la guerre a éclaté,

Des prolétaires ont pleuré.

D’autres ont dit : « Faut y aller ! ».

D’autres ont parlé.

Il y avait un pacifiste

Aux cotés d’un anarchiste ;

Et tous deux se lamentaient

Sur leurs beaux rêves avortés.

 

L’un disait : « Jamais, j’aurais cru »,

L’autre répondait : « N’y pensons plus. »

Plus loin un SFIO

Entretenait deux radicaux

D’un beau plan de paix future.

Oh ! Bien sûr, ce serait dur.

Mais quand on sera victorieux

Sûrement les capitalistes

Ne demanderont pas mieux

Que d’agir en socialistes !

 

Dans son coin, un stalinien

Essayait de faire le point :

Main tendue, patriotisme,

Puis retour au défaitisme.

Défaitisme ? Pas tout à fait,

On peut devenir bons Français.

Quand une chose est décidée,

Voilà que tout craque,

Faut suivre la ligne du PC,

Mais c’est une ligne en zigzag.

 

Et ainsi, sous la livrée,

Tous ces prolos méditaient.

Pour finir, y en avait un,

Un trotskyste, je parie,

Car lui seul ne rêvait point,

Il nettoyait son fusil.

 

André Calvès septembre 1939