Réformiste

 

Ils se disent anti-staliniens, mais ils sont anti-communistes.

Vous vendez « La Vérité » dans la rue. Des staliniens vous attaquent. Survient un réformiste. Bien étonnant s’il vous défend. Mais après coup, il dit : « C’est honteux ! ». Vous prêtez l’oreille et vous l’entendez continuer : « Moi, je suis pour la liberté de tout le monde, et j’estime qu’on doit même laisser les gaullistes vendre dans les quartiers ouvriers. »

Avec ça, vous êtes fixé.

Les réformistes sont avant tout contre la révolution et la dictature du prolétariat.

Ils vous disent qu’ils sont révoltés par les saletés du stalinisme ? Ne vous y trompez pas. Ils sont capables de s’entendre beaucoup mieux avec Staline qu’ils ne s’entendaient avec Lénine.

Ils ne se délimitent des staliniens qu’en faisant toujours un pas à droite.

De temps en temps, ils rigolent du « super Déroulèdisme » stalinien, mais quand vous vous apprêtez à rire aussi, ils ajoutent sérieusement »C’est nous, les vrais patriotes ! »

Au procès de Riom, L.Blum a précisé qu’il n’a fait le Front Populaire avec le PCF qu’à partir du moment où les staliniens se sont prononcés pour la défense nationale. Cela indique les raisons pour lesquelles Blum avait fait la scission de Tours.

En 1935-36, Staline faisait massacrer tous les vieux leaders révolutionnaires de 1917. Vétilles pour Blum, puisque Staline, dans le même temps se prononçait pour la défense nationale en France.

 

Ils vous disent qu’ils sont contre Ho Chi Minh parce qu’il est « stalinien ». Mensonge. Ils sont en réalité contre l’indépendance totale du Vietnam.

La majorité du syndicat des instituteurs (majorité réformiste) demande un plébiscite au Vietnam et ensuite le départ du corps expéditionnaire français quelque soit le résultat du plébiscite.

Pourquoi le départ « après » s’il doit partir dans tous les cas ?

Parce que la présence du corps expéditionnaire serait une garantie de la loyauté du plébiscite ? Ah, ah, ah !

Bien au contraire, parce qu’avec le corps expéditionnaire, l’impérialisme peut organiser un bon petit plébiscite à la mode nazie.

 

Ils vous disent que la police doit assurer l’ordre, parce que les manifestations du PCF ne sont pas faites indépendamment, mais sur ordre de Moscou.

Cependant, quand en 1947, les ministres PCF étaient encore au gouvernement, le parti communiste internationaliste manifesta contre la guerre au Vietnam. Qui lança les flics sur les militants trotskistes ? Le ministre « socialiste » Edouard Depreux.

Ils vous disent qu’ils sont pour le plus large droit d’expression. Mais en 1935, c’est un gouvernement socialiste qui chasse Trotsky de Norvège, pour faire plaisir à Staline.

Dans le bulletin syndical des instituteurs du Finistère, le réformiste Le Penep ( ?)Et le stalinien Gueguin se partagent les colonnes, et repoussent des articles de révolutionnaires qui ne sont pas membres du conseil syndical…sous prétexte de « manque de place ».

Et c’est à propos de la Yougoslavie qu’on peut juger les réformistes à leur juste valeur.

Ils ne lèveront pas le pouce pour rechercher la vérité sur la Yougoslavie.

Ils font chorus avec les calomniateurs en parlant de « dictature ».

Ils confondent tranquillement dictature du prolétariat et dictature du capital

 

Il est d’ailleurs plein de respect pour la grande révolution française, mais évite de s’expliquer sur la question de savoir si la révolution aurait pu durer bien longtemps sans la dictature des comités de Salut Public

A moins qu’il admette la dictature bourgeoise pour en finir avec le féodalisme, mais pas celle du prolétariat pour en finir avec le capitalisme.

Il admet, à la rigueur, les piquets pendant une grève et le cassage de gueule des jaunes et des indicateurs de police. Mais il refuse de savoir qu’en période de révolution, c’est peu cela, la dictature du prolétariat.

Il admettrait bien des choses, dit-il, mais pas l’obéissance à Moscou.

Cependant, quand il se trouve devant le cas concret de la Yougoslavie, le voilà bien gêné, tournant en rond et murmurant « dictature ».

On réussit difficilement à lui arracher une opinion sur la gestion ouvrière des usines, sur les Kolkhozes, sur un plan de production élaboré par les travailleurs.

Et quand on lui parle de lutte entreprise en Yougoslavie, contre la bureaucratie, il semble avoir l’impression qu’il est visé. Eh, eh. Ça ne l’empêche pas de murmurer sur la dictature.

Il voudrait qu’il y ait plusieurs partis dans les élections yougoslaves. Ça l’ennuie qu’il n’y en ait pas.

Cependant, un parti représente une classe ou une portion de classe, ou un courant dans une classe. Un parti se détermine aussi par son programme. Quand on lui demande quel programme il envisage pour la Yougoslavie, il ne voit pas bien.

Mais les monarchistes émigrés ont un programme. Deux ou trois partis bourgeois émigrés ont aussi un programme. S’ils pouvaient se présenter aux élections yougoslaves, en dépit des souffrances qu’ils infligeaient jadis au peuple, lui serait content. Il trouverait que c’est la vraie démocratie.

Pendant qu’on y est, on pourrait inviter aussi le parti fasciste croate qui servit de « milice «  au Nazis.

Non, quand même. C’est un frais comme souvenir. Le réformiste n’insistera pas sur ce dernier invité pour meubler la « démocratie ». Mais quand on lui dit qu’il existe une position possible, celle qui consiste à lutter pour aider le PCI, et aussi pour l’amener sur la position de lutte pour la révolution mondiale ; alors il n’est plus du tout d’accord. Il boude. C’est un débris de l’époque du capitalisme libéral. Laissez le pleurer sur le beurre à 12 sous et les chapeaux de paille de 1913.