Barrage (Texte sans date)

Lorsque l’eau s’accumule derrière un barrage naturel, elle commence dès le début son travail qui va consister à briser le barrage. Elle entraîne des troncs d’arbre et des fétus de paille. Elle arrache lentement des berges, divers morceaux de bois enfouis, des morceaux de bois qui constituent un obstacle pour elle, et qu’elle réussit en quelque sorte à convaincre, puisque à peine arrachés du terrain, ces branches deviennent un allié et pèsent sur le barrage. Avant même d’avoir brisé l’obstacle principal, l’eau a dissocié des adversaires et les a gagnés à sa cause. Les troncs d’arbres sont des alliés, les pierres de la berge qui faisaient tout à l’heure autant de petits arrêts sont à présent prêtes à devenir une troupe de choc.

Cependant, lorsque le rapport de forces sera modifié, lorsque le barrage commencera à craquer, bien des pierres, bien des troncs d’arbres n’auront pas encore été « gagnés » à la cause. Peut-être commenceront-ils à bouger timidement - mais peut-être seront-ils encore sur des positions séculaires- et il ne restera plus assez de temps pour les convaincre, pour les amener à l’assaut dans leur forme primitive.

Quand le rapport des forces sera modifié, quand le barrage s’effondrera, tout devra avancer et on pourra peut-être dire, en employant un langage « humain », que dans la vague d’assaut, il y aura des « terrorisés ». Et puis après ? L’eau en est-elle plus responsable que le barrage ?